Notes et annecdotes
Eric André
Déjà un an que je suis là ! Pendant cette année extrèmement riche,
j'avais commencé à noter des anecdotes… Puis j'ai ajouté des petites
phrases qui m'avaient marqué, ému, que j'avais trouvées particulièrement
fortes. J'ai tapé tout ça et regroupé par thème… et voilà ! Ca peut
permettre de comprendre un peu le quotidien (pas toujours anecdotique,
malheureusement) dans lequel je vis, le risque étant que certaines
phrases ne sont pas dans leur contexte et mériterait de plus longs
développements (pour ce qui est du contexte, le plus simple est de venir
se rendre compte sur place…!)
Sinon, on a bien repris les cours ; cette rentrée, en terrain connu, se
passe plus en douceur que la précédente ! L'année s'annonce encore riche
et bien remplie. L'été quant à lui a été hyper-rentabilisé ! Je ne
rentrerai pas dans les détails, ce serait trop long ! Il n'a pas fait
aussi chaud que ce que je craignais, ce qui m'a permis de profiter de ce
secteur proche-oriental (du Golan à l'Egypte, en passant par la
Jordanie, le Sinai, et bien sûr les environs de Jérusalem). Avec des
temps forts, des rencontres…
Parmi ces rencontres, celle d'une association d'Israéliens qui se
battent pour la paix, contre les destructions de maisons palestiniennes
(ils font appel à des volontaires pour les reconstruire) ; celle d'Orli,
une aveugle israélienne que j'emmène en tandem dans les environs, et
avec qui je devrais participer (avec son groupe) à la traversée nord-sud
d'Israel, en 3 jours, en tandem ou vélo simple ! Après avoir apprécié la
dimension spirituelle, et même plus, de cette terre, je suis content
d'avoir à présent quelques contacts côté israélien. C'est ce qui me
manquait jusqu'à présent… (J'ai même un collègue palestinien qui
voudrait faire du vélo avec nous… Un palestinien devant, une israélienne
derrière, sur un même tandem, ça serait beau !) C'est formidable ce que
le velo aura pu m'ouvrir comme portes dans le pays ! Sans lui, je ne
n'aurais pas fait le quart de ce que j'ai fait au niveau rencontres,
découvertes etc ! (disons que ç'aurait été différent !)
Avant d'aller au Caire, j'ai passé quelques jours à Gaza avec Benoit,
ancien volontaire de la DCC, et à présent rédacteur en chef du bulletin
français d'Amnesty International. Il s'intéressait ici au fait que la
torture (qu'on appelle aussi les "pressions physiques modérées"…) soit
légalisée en Israel, qui est une démocratie. Nombreux échanges très
intéressants ! D'un côté on avance l'argument de la sécurité, de l'autre
des théories discriminatoires et racistes envers les citoyens non juifs
d'Israel… Toujours est-il qu'il y a quelques jours, on vient d'apprendre
que la Cour Suprême israélienne a condamné et interdit ces pratiques !
Certains disent : "on avance à petits pas mais on avance quand même"…
Les habitants de Gaza et d'autres disent : "la situation au quotidien,
pour nous, est pire depuis les accords d'Oslo en 1994"… Pas de travail,
pas de liberté de déplacement, pas d'espoir… Tous ceux que j'ai
rencontrés sont contre Arafat et sa politique… L'arrivée de Barak au
gouvernement israélien se fait sentir par des gestes concrets
(libérations de prisonniers palestiniens, restitution de terres à
l'Autorité Palestinienne, prévision très prochaine d'ouverture d'un
passage entre Gaza et la Cisjordanie, négociations avec la Syrie etc…).
A suivre ! A développer !
En ce qui concerne la lecture de ce document, il est peut-être bien que
je rappelle ou précise certains éléments… On me demandait qui était
Alexis. C'est un prêtre français de 28 ans qui était de passage à
Jérusalem pour un an afin d'étudier l'hébreu, entre autres… Il est
assez spécial en son genre et je dois dire qu'on s'est très vite entendu
: tous les dimanches (voire plus) on s'échappait avec nos vélos, pour
découvrir, rencontrer, s'émerveiller… toujours plus ! Je crois qu'on a
bien quadrillé la région ! Je pense lui avoir fait voir un aspect des
Palestiniens et de la Palestine qu'il ignorait, et même qui le
repoussait parfois ; quant à lui, il m'a ouvert les yeux sur la valeur
historique et religieuse de cette terre (bible à l'appui !) et j'ai
notamment mieux compris ce que cette terre représentait pour les juifs,
entre autres…
Dans ce qui suit, je parle aussi des religions, c'est assez complexe en
effet… Quelques mots : la population israélienne est assez unique en son
genre. Ce petit pays comprend 4 peuples différents : juif, arabe, druze
et bédoin. Tout juif a le droit de venir s'installer en Israel, d'après
la loi du retour. Ils représentent ainsi 80% de la population de l'état
juif. Avant la création de cet état en 1948, cette terre était habitée
en très large majorité par des arabes. Une partie, ceux qui ne sont pas
partis pour l'exil, ou pour les camps de réfugiés, a acquis la
citoyenneté israélienne, on parle d'arabes israéliens (ou parfois
palestinien israélien). Les arabes de Cisjordanie et de Gaza, des
territoires autonomes palestiniens, ce sont les palestiniens (même si
certains israéliens refusent et nient catégoriquement ce terme… Tabou
!). La majorité des Palestiniens est musulmane, mais il ne faut pas
oublier qu'environ 3% des palestiniens sont chrétiens (comme il y a des
Egyptiens, des Jordaniens etc chrétiens…)
En espérant que cela pourra vous éclairer, vous pouvez toujours
m'envoyer vos commentaires, questions, remarques… et j'essaierai d'y
répondre ! En attendant, bonne lecture !
RELIGION
- Les habitants de Jérusalem s'appellent les… Hiérosolymitains ! (Ici,
rien n'est simple !)
- Un musulman d'Hébron marié… à une Irakienne juive.
- A Ayn Arik, village palestinien près de Ramallah, Arabes musulmans et
chrétiens (de rite latin et orthodoxe) vivent ensemble, "comme dans une
grande famille".
"Et les juifs ?…"
(un geste de la main qui signifie tout : ils nous ont volé nos terres,
ils ont tué…)
Hussein rectifie : "Oui, mais moi je connais des juifs… Il y a des juifs
très bien !"
- Babyloniens, Romains, Perses, Grecs, Mamelouks, Croisés, Ottomans,
Brittaniques, Cananéens, Byzantins, Hébreux, Musulmans, Juifs, Chrétiens
catholiques, orthodoxes, Arméniens, Coptes, Ethiopiens, Syriaques, …
Quel est leur point commun ?
JERUSALEM
- A Jérusalem, un vendredi, pour aller chez le photographe :
"S'il est dans le quartier juif, il faut se dépêcher parce que le
vendredi après-midi et le samedi, c'est fermé, c'est shabat…
- Non, non ! Il est dans la rue Salah Ed Din, c'est arabe.
- Ah ! Donc c'est fermé. Là-bas, tout ferme le vendredi.
- Ah, mais attends !… Il est Arménien, je crois qu'il est Chrétien
orthodoxe…
- Donc c'est ouvert !… Il ferme le dimanche !"
De même dans une administration, dans un bureau…, untel ne travaillera
pas le vendredi s'il est musulman, tandis que son collègue chrétien sera
en congé le dimanche…
- Juin 99. Après être passé dans le petit village chrétien de Taybeh,
on s'arrête pour contempler le paysage, au soleil couchant. On domine le
désert de Judée, on aperçoit le Mont Nebo (en Jordanie, d'où Moïse
aurait aperçu la Terre Promise après leurs 40 ans d'errance dans le
désert), la mer morte, le Mont des Oliviers et les clochers de
Jérusalem…
Alexis : "Cette terre prie par elle-même. Il me suffit de la regarder
pour que tout mon cœur et mon esprit se tournent vers Dieu…"
- Bonne année !!
Les juifs sont en 5760, les chrétiens en 1999, les musulmans en 1420 !!
(Au moins les autres, ils n'auront pas le Bug 2000 !)
RELIGION – Chrétien / Musulman
- Un propriétaire palestinien chrétien à sa locataire : "Tu peux
inviter qui tu veux mais pas des arabes" …
- Moi à un palestinien chrétien :
"Qu'est-ce qu'il se passe là-bas au check-point ?
- Oh, rien, ce sont des arabes qui se battent…"
(sous-entendu : les palestiniens chrétiens ne sont pas des arabes… (?)
Ceci revient souvent)
- A Zababdeh (petit village chrétien palestinien, en Samarie), à la
messe du dimanche : les femmes d'un côté de l'église, les hommes de
l'autre. Ces derniers auront pris le soin au préalable de se découvrir,
c'est à dire d'enlever de leur tête le cerceau du keffieh (mais pas le
keffieh) !
- Discussion avec des Palestiniens chrétiens :
"il n'y a peut-être que
1% de musulmans qui sont bien ; et encore, ces 1%, ce sont ceux qui sont
souvent avec des chrétiens…!"
- Basma, professeur de français, chrétienne, parlant d'une mère d'élève
: "Ah oui ! Elle est très bien, très gentille, très calme… On dirait presque une chrétienne !"
- Pascal, énervé : "Attention, hein ! Mon christianisme a des limites !"
- Alexis :
"Lire la Bible en hébreu classique (la langue originelle) ou
en français, c'est comme découvrir une terre et son peuple en vélo ou en
bus climatisé… ça n'a rien à voir, ce n'est pas du tout la même
approche!!"
"Il m'est arrivé, en lisant ma Bible de me mettre à chialer… Ou des fois
de me prendre des fous-rires !"
RELIGION – Juif
- Marc et Anne-Marie, volontaires à l'hôpital français de Saint Louis
(soins palliatifs et accompagnement pour malades de toute provenance :
juifs, musulmans…) :
"Le samedi, jour de shabbat, les juifs refusent
tout ce qui est moderne : voiture, ascenseur… Par exemple pour entrer
dans l'hôpital, ils attendent que quelqu'un se présente devant la porte
automatique (à cellule) et déclenche l'ouverture pour pouvoir entrer à
son tour…"
- Tania, une juive d'origine suisse, nouvelle arrivante en Israël :
"Israël est un pays très dynamique… Quand tu arrives dans ce pays pour
t'installer, beaucoup de personnes sont dans le même cas que toi, et on
se serre les coudes !"
"Tous les nouveaux arrivants en Israël bénéficient pendant 5 mois de
cours d'hébreu intensifs ; c'est nécessaire pour leur intégration dans
le pays."
En parlant de la colonie juive de Teqoa (entre Jérusalem et Béthléem) :
"il y a cette colonie sur cette colline précisément parce qu'il était
écrit "ici tu sèmeras ta vigne "… Alors des colons s'y sont implantés."
Je veux lui demander comment se passe l'intégration en Israël des juifs
arabes… Elle m'arrête et me reprend : "On ne peut pas être juif et
arabe… Etre juif, c'est déjà appartenir à un peuple, le peuple élu par
Dieu… Alors il y a des juifs Marocains, Tunisiens, Irakiens… depuis
plusieurs générations, mais ce ne sont pas des juifs arabes."
SOEURS (Bonnes (?))
- Avec 12 élèves et Soeur Séraphine, nous allons à Jérusalem pour une
rencontre avec l'auteur Tahar Ben Jelloun…
Ala' (10è) : "Si Soeur Séraphine elle nous crie après, moi je rentre
chez moi !
- Mais si vous êtes sages, il n'y a pas de raisons qu'elle crie !
- Si ! A chaque fois qu'on fait une sortie, elle crie !"
- Le règlement à l'école du Rosaire :
- Avoir les ongles coupés et propres ; pas de maquillage (les sœurs
inspectent !)
- Un chewing-gum dans la bouche vaut une amende pouvant aller jusqu'à 50
shekels (75f) !!
- A propos de la salle de rencontre que l'on a obtenu pour les élèves.
Moi à Soeur Séraphine :
"Pour rendre la salle plus attrayante et plus agréable, on pourrait y
mettre un de ces appareils à faire bouillir de l'eau, comme ça on
pourrait discuter en buvant un thé…
- Non, non, non ! Vous n'y pensez pas Eric ! Mais ce ne sont que des
élèves… !"
BANATES (=filles)
- En dehors des cours, des élèves : "Monsieur, vous habitez où ?
- A Beit Hanina…
- Tout seul ?
- Oui !
- Mais alors, qui c'est qui fait la cuisine ?!!"
- En demi-classe, étude des prénoms :
- Layali, ça veut dire "les nuits".
- Amira, c'est "la princesse".
- Samia signifie "haut dans le ciel".
- Maha, ça veut dire "l'oeil de la vache"… (!!)
J'ajoute : "… Et Eric, ça veut dire "beau, fort et intelligent" !
"Ouhhh, ouhhh !!" (Là je l'ai cherché !)
- José (mon prédécesseur à l'école du Rosaire) et Reem racontent la
première fois qu'ils se sont rencontrés à Gaza :
"Quand je lui ai dit mon prénom, elle a rigolé !
… Parce que "Jozi", en arabe, ça veut dire "mon mari" !!
… Et maintenant ça fait un an qu'on est mariés !!"
- Une femme palestinienne (chrétienne, soit dit en passant) :
"L'homme travaille déjà toute la journée… Donc c'est normal que ce soit
la femme qui fasse tout à la maison…"
- Le 4 février 99, le consulat organise une rencontre entre élèves de
différentes écoles et Tahar Ben Jelloun, auteur de "le racisme expliqué
à ma fille".
En classe, on a étudié son livre. Dina (11è) :
"Monsieur, c'est quoi pen ?
- pen, en français, on dit "stylo" !"
Rires… En fait je comprendrai ensuite qu'elle voulait parler d'un
certain Jean-Marie !
- 8 Février 1999, funérailles du roi Hussein de Jordanie à Amman.
En cours, j'explique du vocabulaire de la chanson de Patricia Kaas. Pour
expliquer le mot "deuil", j'évoque la mort du roi jordanien et le deuil
de son peuple… Il se trouve que, depuis le début du cours, Abeer a les
yeux rouges, sanglote. Je l'autorise à sortir un moment (sans doute une
mauvaise note, ou une réprimande de Soeur Hortense la directrice… Ce
sont les 2 principales causes des larmes en général).
Seulement à la fin du cours j'apprends qu'elle est Jordanienne et
qu'elle pleure la mort de son roi… La gaffe…
- Classe de 10è, à 8 heures pour le premier cours. Aya, du genre
excitée, comme d'habitude, se met à rire en me voyant arriver :
"Quoi, qu'est-ce qu'il y a ?
- Monsieur ! C'est vos yeux !… On dirait un Chinois !"
(Dur dur le réveil !)
- Bientôt, toutes mes élèves vont savoir que j'ai un petit frère qui a
17 ans…! Moi, avec une dizaine d'élèves attirées par la conversation,
dans les couloirs :
"Mais vous avez vu combien vous êtes !?…
En rigolant :
- C'est pas grave, ici on peut avoir 4 femmes !!"
- Cours avec les 9è, en dernière période (la 8è, de 13h45 à 14h30),
assez dure à tenir en général…
Hana', une élève bien brave mais pas très futée, attire –une fois de
plus- l'attention sur elle en heurtant par mégarde son pied contre le
haut du bureau qui se trouve devant elle… On reprend.
Brouhaha… Je m'énerve :
"Pour prendre la parole, on LEVE LA MAIN !!… La
MAIN, Hana'… pas le pied !!" (rires)
- Dossier sur le sport de Hiba et Mireille (11è) :
"La yole est une
embracation (sic) à voile et à rame taillée dans un arabe" !! (Soupir…
Quand vous recopiez les livres, recopiez bien !)
- Sortie dans la vieille ville de Jérusalem avec 6 élèves pour un
projet sur le café. Sur l'esplanade des mosquées, nous voulons
interroger un groupe de femmes voilées :
"Non monsieur ! Restez là !
Elles vont vous prendre pour un touriste et elles ne voudront pas
répondre… Nous on parle arabe, on va y aller…"
- Puis je leur désigne une dizaine d'hommes, coiffés de keffieh…
Silence…
"Bon, là, c'est vous qui y allez !!"
- Dans le quartier juif de la vieille ville, Houda :
"Mais monsieur, on
est toujours à l'intérieur des murs de la vieille ville ??" … tellement
surprise de découvrir ce quartier si différent et pourtant à deux pas
des autres. (Rappel : la vieille ville de Jérusalem (d'une surface
d'environ 1 km2, entourée de ses remparts multi-centenaires) est
composée de 4 quartiers distincts qui se cotoient : arménien, juif,
chrétien et musulman).
- "Bon, à demain !
Nisrin : Ah ! (=oui) Inch' allah ! Si on n'est pas mort monsieur !"
- Morgane, maîtresse en classe de 5è :
"Qui est ta maman ?
- C'est la dame qui lave les chemises." !!
ABRUTI (espèce d'_ ) ? voir SOLDAT
FRANCOPHONIE
- Rasha (11è), Palestinienne de mère américaine, francophone :
"It is
ahsan comme ça !"
(la même en une seule langue : "c'est mieux comme ça
!")
- En Mai, on est réquisitionné par le Consulat pour corriger les écrits
du Delf, et pour faire passer les oraux…
Correction du DELF A3, la lettre formelle :
"Monsieur la secrétaire, …"
"J'aime bien recever les répones le plus vite possible. Et ça va être de
votre obligeance. Merci." !!
- Oral du Delf A1 au collège des Frères dans la vieille ville (école
catholique de garçons).
Sujet tiré : "Décris ton école…"
A l'entretien : "Et tu aimes ton école ?
- Non !
- Pourquoi ??
- Parce qu'il n'y a pas de filles !!"
- Un autre candidat tire le sujet suivant :
"Tu veux t'inscrire au
Centre Culturel Français de Jérusalem, tu demandes des renseignements…"
"Bonjour, je voudrais savoir si vous donnez des cours de français pour
débutant ?
Quels sont les prix, s'il vous plaît ? Quels sont les horaires ? …
Et est-ce qu'il y a des filles ?… !!"
- Les gens : "Min wen inte ? (= d'où es-tu ?)
- Min Fransa.
- Ah ! Zinedine Zidane !!"
(… connu de partout, du fin fond de la Jordanie aux bédoins du Sinaï !)
- Un élève de Zababdeh à Benoit :
"Salut !
- Ah non ! On dit bonjour. "Salut" c'est pour les copains…
- Eh ben, t'es mon copain !"
GAZA
- 1 million d'habitants sur une bande de terre de 50km de long et 10 de
large dont 40% est occupée par des colons israéliens. On prévoit 3
millions de personnes en 2025 !
- Avec un adolescent de Gaza, universitaire (mais avec un très faible
espoir de trouver du travail).
"Tu te sens révolté ?
- Non. Déçu."
- Avec un gamin de 14 ans, il a arrêté l'école et travaille comme
coiffeur.
"Tu es heureux ici ?
- Oui ! répond-il le visage radieux. Et toi, tu viens d'où ?
- De France.
- C'est loin ?
- C'est tout là-bas… (en lui montrant la mer)
- … Emmène-moi avec toi !"
POLITIQUE
- Passage à l'heure d'été en Israël. Mais les territoires Palestiniens
font le changement 2 semaines plus tard… Résultat : une heure de
décalage entre Jérusalem et les villes palestiniennes (Ramallah,
Bethléem…) à 10-15 km de là !
Quand il est 8h chez moi, il est 9h à 500m de là ! Pratique pour les
rendez-vous ! (Déjà qu'en temps normal, la ponctualité n'est pas la
spécialité locale !)
- Discussion sérieuse avec un touriste américain de passage à Jérusalem
: "Moi, je pensais à une solution au problème palestinien : quand les
Israéliens ont rendu le désert du Sinaï à l'Egypte, en fait ils auraient
pu mettre tous les Palestiniens là-bas !!" Yeahhh ! Great idea !
- Lors de l'inauguration de la reconstruction d'une maison
palestinienne (qui avait été détruite auparavant par des bulldozers
israéliens), un israélien, membre d'une association pour la paix :
"Bien
sûr, tous les Israéliens veulent la paix, mais une paix en leur faveur ;
il y en a très peu qui se battent pour une paix équitable…"
CONFLIT
- Dans le sheirout (=taxi collectif) pour aller de Bethléem à
Jérusalem. Bouclage au check-point de Bethléem…
"Lêsh msakkar ? (=Pourquoi c'est fermé ?)
- Parce que c'est des enculés !" (=ars)
[Ces bouclages avaient provoqué quelque temps auparavant la mort d'un
nouveau-né, dont la maman n'avait pas pu arriver à temps à la
maternité.]
- En stop, de Jérusalem à Eilat (sud d'Israel), un couple israélien :
"Non non ! Nous, on ne va pas à Jéricho ! C'est trop dangereux, il y a
plein d'arabes là-bas !
- Et vous connaissez Pétra, la Jordanie…?
- Non, il y a plein de Palestiniens là-bas ! Mais vous, vous êtes
français, vous ne craignez rien !!"
[Côté israélien, une idée reçue (liée en grande partie à la
méconnaissance) circule comme quoi les territoires palestiniens (et
leurs habitants) sont des zones à éviter à tout prix… C'est presque une
question de vie ou de mort !]
- Avec Orli, (aveugle israélienne avec qui je fais du tandem) on passe
dans un village palestinien, on se fait gentiment aider pour trouver
notre chemin. Je lui explique que je vais souvent dans les villages
arabes et que je ne rencontre jamais aucun problème, au contraire. Elle
m'éclaire sur la vision israélienne des choses :
"Toi, c'est différent,
tu es français ! (mais comment un palestinien fait-il la différence
entre un Français et un Israélien …?) Tandis que nous, les palestiniens
peuvent reconnaitre notre accent et savoir qu'on est israélien…" !!
- A propos de l'ignorance, ou de la méconnaissance…
Orli veut manger un
falafel (sandwich local). Je lui propose d'aller à la porte de Damas
(quartier arabe) plutôt qu'à la porte de Jaffa (quartier juif), à 500m
de là où c'est deux fois plus cher…
« Mais est-ce que tu as de la monnaie arabe… ? »
Alors que la monnaie
(le shekel) est la même partout, en Israël, dans les territoires
palestiniens, dans tout Jérusalem…
- En stop, un autre couple, un peu plus loin :
"On te pose là, nous on
va à la banque. Quand on revient, si tu es encore là, on peut t'emmener
jusqu'à Eilat…" (soit un détour pour eux de 300 km aller-retour !)
- Juillet 99 : Majdal-Shams dans le Golan (village Druze, à la
frontière Israélo-Syrienne, annexé par Israël suite à la guerre des
6-jours en 1967). Des barbelés marquent la frontière avec la Syrie ; du
côté israélien, une femme, les jumelles autour du cou, parle au
mégaphone à sa famille qui se trouve à 500m de là, mais du côté syrien…
"On peut passer de la Syrie à Israël, mais pas le contraire. Moi, par
exemple, j'ai pris la décision de quitter ma famille, en face en Syrie,
il y a une semaine, pour rejoindre mon fiancé ici ! Donc maintenant, on
ne peut se parler et se voir que de loin !"
Et elle reprend dans son porte-voix : "Et comment va ta santé ? …
Comment va ton travail ? …"
(de nombreuses familles sont ainsi coupées depuis l'annexion du Golan
par Israël).
- Pas loin de Haifa, dans le village arabe d'Ayn Aoud (cf GEO du mois
de mai 99) [village illégal, non reconnu par l'état israélien et
pourtant sur son territoire ; ses habitants l'ont construit en 1948
(création de l'état d'Israel) suite à leur expropriation de leur village
d'origine, à 500m de là, qui est habité depuis par des israéliens… Ayn
Aoud est illégal, c'est à dire qu'il ne dispose d'aucun service,
d'aucune infrastructure (route d'accès, électricité, école, eau…)]
Un enfant du village :
"Moi, je vais à l'école à Haifa.
- Et tu as des copains juifs ?
- Bien sûr ! Ils sont très bien ! Ce sont les grands qui ne sont pas
bien…"
- Amaury, volontaire à la bibliothèque de l'église française de Sainte
Anne, à son arrivée dans le pays :
"Eh ! Regardez le narguilé (pipe à
eau) que je me suis acheté dans la vieille ville ! Et j'ai fait une
affaire : il était à 800 shekels (1200f) et je l'ai marchandé à 200
shekels (300f) ! ! Pas mal non ? !
- Hum ! Tu sais qu'un narguilé comme ça, ça vaut 40 ou 50 shekels ! !"
SOLDAT
- Blague racontée par David (ex-bidasse !) :
Donne moi une toute petite mesure qui exprime la distance…
/> le millimètre
Donne moi une toute petite mesure qui exprime la tension…
/> le millivolt
Donne moi une toute petite mesure qui exprime le poids…
/> le milligramme
Donne moi une toute petite mesure qui exprime l'intelligence…
/> le militaire ! !
- Benoit, de retour à Jérusalem en vélo, le keffieh en écharpe (pouvant
servir parfois à éviter les "chutes de pierres"!), au check-point devant
la maison.
Le soldat israélien qui l'arrête : "Pourquoi tu roules sur la route ?"…!
- 28 février 1999 (fête juive du Pourim), descente en vélo à Jéricho.
Journée galère !
On passe un village arabe, puis on continue tranquillement la piste au
milieu des champs… Tout d'un coup, du grillage et barbelés en travers du
chemin ! Une colonie s'est installée là, il nous faut contourner la
clôture, en passant par les champs, sur env. 2 km. Occupation massive !
Il se met à pleuvoir, Alexis casse sa chaîne et son guidon a du jeu ! On
rentre dans la colonie pour voir si on peut prendre un bus pour rentrer.
C'est bien gardé : un garde permanent à l'entrée, une patrouille en 4x4…
Pas de bus ! On demande au vigile s'il peut nous emmener avec lui au
village voisin (puisqu'il y va)… Après maintes hésitations, il nous
embarque ! Mais après 500 m, on rencontre son patron : "interdiction
formelle que tu prennes ces 2 touristes !" SECURITE oblige !! On
redescend de voiture… Comment on dit "Débrouillez-vous" en hébreu ?!
- Pour faire du vélo en Israël-Palestine : un bon vélo, des rudiments
d'arabe (ou d'hébreu), un keffieh, …un passeport !
La semaine d'après, je reviens sur les lieux, contourne la colonie, et
me voilà dans le désert, le calme etc… Après quelques km, sur quoi je
tombe ? … un camp militaire, grillagé, pas marqué sur la carte, et
empêchant royalement l'accès au wadi (vallon) qui mène au Mont des
Tentations, au-dessus de Jericho, où je dois rejoindre des amis ! Le
jeune soldat, tout juste majeur, fidèlement accompagné de son gros M16,
appelle son capitaine. Il parle français :
"Ton passeport… (N.B. on est en plein désert !)
Strictement interdit de passer par là ! Tu es seul ? (Ca ne se voit sans
doute pas ?)
Tu vas où comme ça ?
- A Jéricho…
- Pourquoi tu n'y vas pas en voiture ?…" (c'est le bouquet final !)
- A la frontière israélienne, les questions habituelles :
"Est-ce que quelqu'un vous a mis quelque chose dans votre sac sans que
vous l'ayez remarqué… ?
… Portez-vous une arme, quelle qu'elle soit ?…
… Et pas de bombe ?…"
- Samia et Yoan ont sans doute des têtes de terroriste. A leur départ
de l'aéroport Ben Gourion à Tel Aviv, Samia s'est fait interrogé et
fouillé les affaires pendant 2h et quart, Yoan a causé un retard dans le
décollage et s'est retrouvé en slip pour l'interrogatoire… (On pourrait
encore en écrire beaucoup à ce sujet !)
BEDOIN
- Dans le Sinai : "On n'est pas Egyptiens, on est Bédoins !"
- Avril 99 – Randonnée dans le désert du Wadi Rum (Sud de la Jordanie)
avec Awad, jeune guide bédoin.
"En France aussi, on a de belles montagnes. J'aime m'y promener…
Awad : Ma fi Badou hounak ?…" (= il n'y a pas de bédoins là-bas ?!)
- A un Bédoin Egyptien à qui je dis que, justement, il n'y a pas de
Bédoins en France , il me répond en rigolant
: "Ma'alesh (ça ne fait
rien), je prends quelques femmes et je vais en faire, moi, des Bédoins
!!"
VELO
- Décembre 98. En vélo, un peu avant d'arriver à Zababdeh, 16h30, fin
du jeune du ramadan. Discussion avec 3 soldats du nouveau check-point
palestinien (nouveau depuis les accords de Wye Plantation et le retrait
israélien d'un petit pourcentage de territoire palestinien). Les soldats
: "Attends un peu, dans un quart d'heure on commence à manger. Mange
avec nous !"
- Dans le souq de la vieille ville, avec mon vélo. Les marchands arabes
: "Tu me le vends combien ton vélo ?"
- 14 février 1999 : Désert de Judée… Première sortie en vélo dans le
désert pour aller à Jéricho : collines légèrement vertes, thé offert par
des employés éléctriciens palestiniens, superbe paysage, gazelles,
dromadaires…
Abouna Alexis en pleine action : "Putain, c'est serein, Bordel !!"
- Une variante : "C'est mythos !"
- Le lendemain à l'école, une douzaine de réflexions :
"Monsieur vous
avez fait quoi ? Vous avez nagé ? Vous êtes tout rouge !!"
- Week-end du 1er mai 99, en route pour le nord de la Jordanie.
Naplouse – Beit Shean en vélo, de nuit, seulement éclairés par la pleine
lune.
Dans les collines de Samarie, vers Tayasir, Alexis a failli entrer en
collision avec… un âne !! D'après lui, l'âne était en tort : stationné
au milieu de la chaussée, et sans éclairage ! Evité de justesse ! (on ne
sait toujours pas si le pauvre âne s'est remis de sa crise cardiaque…)
- De passage dans les villages Jordaniens : "Tfaddalu !" … et un geste
de la main signifiant "venez chez moi boire un thé, vous êtes les
bienvenus !" On a roulé pendant 3 jours à un rythme d'environ 10
tfaddalus/heure !
- 6-7 juin 99, vélo en Haute-Galilée
1ère nuit à la belle étoile à Tel Dan : on déménage d'urgence à 2h du
matin because sangliers autour de nous !
2è nuit sur le mont Adir (d'où l'on voit et entend des tirs sur le
Sud-Liban) : on a pris des précautions, installés près d'un arbre (en
cas de repli !), et les vélos nous protégeant d'une éventuelle charge de
sangliers venant du haut de la pente… 23h30, Alexis me réveille, on
entend du bruit, comme un éternuement…
Alexis : "T'as tes sandales près de toi ?
- Mmmm… Ouais, pourquoi ?
- Range-les dans tes sacoches parce que le cuir, ça excite les papilles
gustatives des hyènes…
- Qu'est-ce que tu me racontes ? Laisse-moi dormir au lieu de dire des
conneries…
Morts de rire !
(Il aurait fait fuir une hyène qui était à 2m de moi… Or, auparavant, un
de ses amis se serait fait emporté et lacéré ses sandales par une hyène,
la nuit dans le désert !)
… A suivre !!